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Un document fouillé
De Nane Couzier


Dans un essai datant de 2001, Danielle Blouin fait le point sur l’identité du livre d’artiste. Elle met en rapport dans cet ouvrage les itinéraires symbolique, socioculturel et historique du livre d’artiste pour aboutir à la conclusion que le livre d’artiste ne peut être que délinquant ; il ne sert pas l’institution. En résumé, objet se suffisant à lui-même, le livre d’artiste transgresse la fonction habituelle du livre porteur de voix, de savoir, de beauté ou de message afin de n’adhérer qu’à sa propre totalité.

L’auteure puise dans la banque des réalisations de plusieurs artistes québécois pour illustrer sa réflexion sur les rapports existant entre l’artiste et le livre, entre le livre et la société … le livre d’artiste restant par définition celui qui se constitue dans un rapport à la culture du livre.

Les planches (une trentaine de photos noir et blanc) sont à l’occasion commentées par l’auteure, donnant ainsi un éclairage direct sur la démonstration en cours. Le texte, assez formel, emprunte des termes à différents lexiques relevant des sciences humaines. Le propos, soutenu par une bibliographie conséquente, fourmille de références. La recherche universitaire n’est pas loin; le contenu est cependant agréable à consulter grâce à son fractionnement en petits modules, le travail de synthèse est digne de mention. Suffisamment documenté donc, pour que chacun entame ou poursuive sa propre réflexion, le livre (l’objet) est par ailleurs «appétissant» ; il est lisse, léché, aéré, la typo et la mise en page nettement au service de la lisibilité. De plus, il est cousu. (Mais pas de fil blanc !)

Danielle Blouin est artiste imprimeur. Elle a complété sa formation en impression d’art auprès de maîtres de réputation internationale (Suisse, Etats-Unis, Japon). Elle dirige, à Montréal, son propre atelier et collabore avec de nombreux artistes.