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AIR neuf a pris des couleurs!
De la qualité avant toute chose

D' Isabelle Chasse

Dans la grisaille de Bruxelles, début février 2002, il fallait tout le talent d’un groupe de relieurs d’art, réunis dans le cénacle de l’association AIR neuf pour mettre de la couleur dans le paysage urbain.

Accueillies à la Wittockiana, les reliures s’offraient aux yeux des visiteurs. S’offraient? Oui, mais pas si facilement! Il fallait, pour les regarder et non pas les voir, le vouloir. Or les visiteurs d’une exposition de reliures d’art veulent pouvoir scruter les reliures sous toutes les coutures: tourner autour, regarder dessous, apercevoir l’intérieur des livres. Ici, les vitrines sont collées au mur, certaines œuvres installées à 10 cm du sol, d’autres disposées à plat, sans relief.

Il n’empêche qu’au-delà de la présentation, nos attentes ont été comblées et nous avons pu reconnaître la sensibilité des uns, l’audace des autres, le style de chacun. Unies dans leur palette, les neufs équipes nous en ont fait voir de toutes les couleurs. Pas un vert mais des verts. Pas un rouge mais des roses, des violets, des pourpres, des rouges sang. Chaque décor, chaque détail, chaque élément démontrant l’investissement des relieurs dans le travail exposé.

Ceci en dit long sur AIR neuf, cette association au cercle fermé. N’en fait pas partie qui veut. Pour exposer lors d’un projet AIR neuf, il faut être Membre — les places sont limitées — ou encore être invité par un membre fondateur. Là encore, l’œuvre présentée doit répondre aux attentes du jury d’AIR neuf. Il peut en découler de la frustration. Mais la justification de telles pratiques sélectives réside dans ce qui a été donné à voir à la Wittockiana en février 2002: des œuvres remarquablement exécutées, inventives, intelligentes. AIR neuf a présenté une exposition qui privilégie la qualité et non pas la quantité. C’est un fait assez rare qui mérite d’être souligné.